Forbidden de Tabitha Suzuma : Le tabou de l'inceste abordé avec une grande sensibilité

534 pages en deux jours ! ☝🏻😯Comment vous dire que cela fait longtemps que je n’avais pas autant apprécié (et dévoré) un livre ? 

Tabitha Suzuma possède un style bien à elle, à mi-chemin entre Susanna Tamaro, (souvenez-vous de son sublime bouquin "Va où ton coeur te porte"empreint de poésie et de délicatesse !) , Anna Gavalda (J'aimerais que quelqu'un m'attende quelque part) et un Vladimir Nabokov (Lolita) « assagi ».

 Elle traite avec une grande délicatesse d’un sujet tabou : l’inceste. Ici, ce sont Maya et Lochan qui s’aiment d’un amour interdit, prohibé dans la majorité des sociétés actuelles.

Maya et Lochan veillent sur leurs petits frères et sœurs à la manière de parents du haut de leur 17 et 18 ans. La course aux devoirs, l'heure du bain, les repas… 🤐

Ces deux adolescents n’ont pas eu d’enfance et croulent sous des responsabilités d’adultes à cause d’un père absent qui a refait sa vie, et d’une mère alcoolique quittant sans cesse le foyer. Il faut s'occuper de la plus petite, préparer les repas, accorder de l'attention à chacun et surtout, gérer le plus jeune frère en pleine crise d'adolescence qui défie sans cesse l'autorité de son aîné et tente de trouver sa place dans ce ménage atypique. 

Malgré son charisme évident, Lochan est victime d’une phobie sociale qui l’empêche de se lier avec ses camarades. Sa fratrie représente son univers tout entier, et Maya, son âme sœur. Leur plus terrible crainte ? voir leur famille se démanteler et les enfants, qu’ils aiment plus que tout, placés par les services sociaux. Mais au bout d’un moment, le déni n’est plus possible. Ils s’aiment. D’un amour « répugnant » pour certains, comme le souligne Lochan. Une lutte perpétuelle envers leurs sentiments respectifs s’ensuit, martelée par une écriture nostalgique, poétique et douloureusement réaliste.

 😥

Je ressors donc, vous l'avez compris, très émue de ce livre. 

Ils me semblent être les Roméo et Juliette de notre époque et d’une société qui a tendance à condamner très rapidement ce qu’elle ne peut comprendre. Alors que d’autres dérives sont socialement acceptables, le consentement mutuel de deux personnes qui ne font de mal à personne et s’aiment véritablement ne l’est pas. 

Une auteure, qui par son talent, nous fait accepter l’inenvisageable que l’inconscient collectif nous impose de rejeter. 

Quelques extraits   (...)

" Comment un amour comme celui-ci peut-il être qualifié d’affreux s’il ne fait souffrir personne ? Comment une chose si condamnable peut-elle être si formidable ? "

" Même les relations adultères, ou bien celles où une personne exerce un pouvoir affectif sur l’autre, sont tolérées, en dépit du tort qu’elles sont susceptibles de causer. Dans notre société progressiste et permissive, les relations dysfonctionnelles et abusives sont admises, mais pas la nôtre. Je ne vois aucun autre amour qui provoque une telle levée de boucliers, et pourtant il est si profond, passionné, attentionné et puissant que si l’on nous forçait à nous séparer, nous en concevrions une douleur inimaginable. Pourquoi la société tiendrait-elle tant à nous punir ? Est-ce notre faute si nous avons été engendrés par la même femme ? "

" Tu peux fermer les yeux sur les choses que tu ne veux pas voir, mais tu ne peux pas fermer ton coeur sur les choses que tu ne veux pas ressentir. " 

" Tout ce que j'ai désiré, ici, maintenant, est contenu dans cet instant. Le rire, la joie, cet amour immense que nous partageons. C'est l'aube du bonheur. "

↬ Si vous l'avez lu, n'hésitez pas à donner votre avis, votre éventuelle hésitation à le lire, ou encore ce qui vous a le plus touché ❤