La femme qui ne vieillissait pas de Grégoire Delacourt





Coucou les bouquinovores 🙆😛

Je ne savais pas à quoi m'attendre avec ce livre de Grégoire Delacourt. 
C'est la première (et pas la dernière 😉) fois que je lis un de ses romans !

245 pages qui se lisent très très rapidement grâce à une plume limpide, qui n'est pas sans déplaire ! D'habitude ça m'ennuie un peu ou me laisse sur ma faim. Pas cette fois. 
Il y a quelque chose D'Amélie Nothomb dans ce roman (en plus développé et moins excentrique cela dit) et un humour pince-sans-rire que j'ai adoré. 

➡ Tout d'abord, parlons un peu de la vieillesse ... 

Vieillir, c'est un rappel constant de sa propre finitude et dans notre société, prendre de l'âge n'est pas vu de la même manière que dans certaines sociétés traditionnelles comme en Asie du Sud est par exemple.
Là-bas, on voue un véritable culte aux aînés, on les inclut à tel point qu'ils sont des personnes ressources que les plus jeunes consultent fréquemment pour telle ou telle décision, pour s'axer au mieux sur leur chemin de vie et perpétrer des traditions ancestrales. 
En Asie, la vieillesse est un cadeau, un privilège et les personnes âgées sont extrêmement entourées : pas pour être protégés mais justement parce qu'ils représentent la force de leur entourage, ils "irradient" en quelque sorte. Et cette présence solaire rassure et détermine la solidité de leur clan/famille/groupe. 

Dans nos sociétés occidentales, nous faisons tout pour ne pas vieillir et laisser le temps marquer son empreinte sur notre psychisme et notre corps.
Une véritable course contre la montre pour faire partie de cette jeunesse élitiste et se défaire de l'idée de notre condition de mortels.




⤻ C'est un livre que toute femme se doit de lire au moins une fois, sur la thématique du vieillissement. 
On ne va pas se mentir, il y a un fait existant dans notre société : un homme qui prend de l'âge a tendance à se "bonifier" : tempes grisonnantes à la Clooney ou Dujardin (mais que c'est sexy !) , facilités pour les hommes à s'insérer des implants en cas de calvitie non assumée, stature et peau tout à fait correct et sans cellulite, (mais quelle injustice , encore !) pour peu que l'homme ne s'enfile pas une dizaine de bières par jour et 3 barbecue en guise de repas. Pattes d'oie qui leur confinent un air plus que charmant et 

les femmes... les femmes... 

Une femme qui laisse ses cheveux grisonner se  "laisse aller", les rides apparentes c'est pas classe.
Un peu de botox et le tour est joué, non? 😞
Le corps, après avoir porté un ou plusieurs enfants se pare de cicatrices, la cellulite est le lot de toutes les morphologies, la peau se flétrit et on se retrouve à scruter le miroir, angoissées d'être un jour remplacées par "une plus jeune".
 (HAVE A NICE DAY) 😂😂



Bon, je ne fais qu'énoncer là les clichés et non mon propre avis sur la question mais force est de constater que ces idées ne sortent pas de nul part, conditionnés que nous sommes par une idéologie bien précise. 
Quand on écoute bien, on entend souvent ce genre de discours et toute la société de consommation se lèche les babines en créant toujours plus de crèmes anti-rides, d'amincissants miracles.
On ne jure plus que par le culte du corps.
Défier le temps, s'enorgueillir de 4 ou 5 ans de sursis (Oh ! 54 ans ! Tu ne les fais pas, je t'en aurais donné 49 !) pour ne pas voir les chiffres s'accumuler dans la balance de l'âge.


Mais vieillir c'est aussi accumuler les expériences, s'être trompé et pouvoir recommencer d'une autre manière, s'accepter enfin, prendre du temps pour soi, définir qui l'on veut être,
celle qui court après la jeunesse éternelle ou celle qui est heureuse de ce qu'elle a construit ? 
"La femme qui ne vieillissait pas" c'est un peu de tout ça. Et une réflexion profonde sur notre propre conception de la vieillesse.





↬↫ RESUME ↬↫

Martine perd sa mère jeune. De cela, elle garde le traumatisme d'une maman "fauchée en pleine jeunesse", "belle, figée éternellement" sur cette photo prise devant le cinéma, avant le drame. 
Martine grandit, décide de se faire appeler Betty et poursuit son existence comme tout un chacun. Rêveuse au milieu des années folles ; tour à tour exaltée et raisonnable ; friande de découvrir la vie, de passer des soirées au bar avec ses amis artistes dans l'âme, à refaire le monde. 
A ses 30 ans, alors qu'elle est heureuse en ménage avec André et qu'un petit Sébastien naît de leur union, un ami photographe lui propose de prendre une photo d'elle tous les ans : même fond blanc, chemisier identique de rigueur pour chaque photo et expression similaire. Le tout visant un projet : voir doucement évoluer son modèle au cours du temps.
Puis, un jour, le choc. Les années passent mais rien ne change. Les photos sont semblables, au détail près. Betty ne vieillit pas. Du moins, pas à l'extérieur.  Et ce qui au départ s'annonçait comme une bénédiction sera vite vécu comme un châtiment pour Betty. 

Avec une plume d'une finesse exacerbée et pleine de sensibilité, l'auteur réussit à mener une réflexion sur le temps qui passe, à la fois empreinte de poésie et de justesse. Un roman à mettre entre toutes les mains ; puissant, touchant et pertinent Grégoire Delacourt, une révélation pour moi. 





↬ EXTRAITS 

" Ce jour-là, il n'a cherché ni à m'embrasser ni à me toucher, il n'a fait aucune proposition (...) il a simplement ouvert la main après notre pas de danse, pour laisser la mienne s'envoler avant de sourire à son tour (...) il a disparu dans les ruelles tièdes en me laissant seule, affamée et comblée ; alors l'odeur de lait, l'odeur du sucre glace de mes six ans, celle des diabolos menthe de mes onze ans, l'odeur du kir cassis derrière mon oreille, à quinze, dans mon cou, comme un parfum, une goutte de maman bien cachée, puis plus tard celle des premières cigarettes et des premiers baiser, tout glissa en moi. J'étais neuve soudain, une neige immaculée ; j'avais trouvé un feu et il m'a semblé que je n'aurais plus jamais froid. Et je me suis mise à rire. Un rire de nouveau-né, une épiphanie. "


" Mon mari me bouleversait davantage chaque jour. Il était un père et un fils formidable, et moi, au creux de ses bras, j'étais toutes les femmes. J'étais tous les vertiges. "

" Cependant, ce semblant d'immobilité sur mon visage m'a procuré un léger malaise. J'ai pensé à la dernière photographie de Maman, le polaroïd près de vingt ans plus tôt, à son air enjoué, sa frange rousse, sa robe Cardin, maman si belle, immortellement belle, que plus rien du temps, des méchancetés du monde ou des lassitudes ne viendrait jamais altérer " 

" Aucune femme n'est forte lorsqu'elle vieillit, Fabrice, elle est juste terrifiée, et en la quittant pour retrouver chez une autre ce qu'elle a été, tu l'assassines " 



Une grande envie d'en partager beaucoup plus, mais je ne peux malheureusement pas sans vous spoiler totalement l'histoire donc je m'arrête là, parce qu'il faut bien s'arrêter et que toutes choses, mêmes les plus belles doivent s'altérer pour que l'on saisisse la pleine mesure de leur beauté. 😉

















Commentaires

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    1. Oui c’est bien vrai ☺️ Les hommes aussi devraient le lire évidemment.. parce que ça nous concerne tous,
      C’est vraiment ça qui est intéressant et j’aimerais lire un livre sur le sujet avec un homme
      En personnage principal d’ailleurs, justement pour explorer davantage la vieillesse de ce point de vue 🤭

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Waw, ton article m'a passionnée! Pourtant je pense qu'habituellement je ne me serais pas intéressé à ce style de livre mais j'ai adoré les extraits et comment tu en as parler!

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    1. Merci Audrey ça me fait plaisir 🤗 c’est vraiment ce que je souhaite : faire découvrir des styles littéraires éclectiques, donner l’envie de la lecture et de la curiosité pour des bouquins auxquels on ne pensait pas forcément! Pour moi aussi ça a été une belle découverte ☀️😘

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