Tony Hogan m'a payé un Ice-cream soda avant de me piquer Maman de Kerry Hudson





Guten morgen les bouquinovores, il n'y a pas d'heure pour publier et encore moins pour lire ❤ 😉
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Au jour d'aujourd'hui (je vous en prie cessez ce pléonasme ! 😤) je vous présente " Tony Hogan m'a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman" de la talentueuse Kerry Hudson


↬ KESKISPASS' ? 

Rassurez vous, je n'ai pas encore cédé aux sirènes des anges de la télé-réalité question vocabulaire/orthographe mais ce KESKISPASS me paraît une bonne accroche car le titre à rallonge du roman m'avait laissé sceptique
Il paraît que c'était la mode dans le milieu littéraire après les titres de roman ultra furtifs et en un seul mot (Incision, Décision, Purification, Tentation et j'en passe des pires et des meilleurs). 
Cela dit, on reviendrait progressivement à des titres plus poétiques. Parce que oui, la fashion sphère n'est pas la seule à pouvoir se vanter de faire et défaire la mode.
Et ouiiii, la littérature a aussi ses petits trucs en vogue et dans l'air du temps 😶
Bon, je referme la parenthèse et on virevolte directement sur le sujet principal : le roman ! 


L'histoire de Janie, brinquebalée de HLM en HLM et évoluant au sein d'une famille totalement instable, c'est un peu la critique sociétal d'une Ecosse des 80's à bout de souffle. 
Sa mère Iris, est beaucoup trop jeune et issue d'un milieu qui ne fait pas de cadeau. Tout au long de notre lecture, on évolue dans les quartiers les plus défavorisés d'Ecosse. 
On peut y ressentir avec une acuité accrue le désespoir, l'abandon de soi, l'odeur des frites surgelés bon marchés et de la gnôle tout du long. 

Janie va grandir entre des dizaines de HLM grisâtres, leurs terrains jonchés de seringues et une mère qui va l'aimer, très mal, mais en faisant de son mieux avec ce que la nature lui a fourni. 
Avec justesse et une plume douce-amère, Kerry Hudson fait se raconter Janie, de sa naissance à son coup de théâtre personnel : Les beaux-pères éclairs, la mère alcoolique, les rêves saturés de fuites, les déménagements à répétition, les quartiers craignos, un Tonton Frankie tantôt héros tantôt junkie, le passage douloureux à l'âge adulte .... 
Janie, c'est un peu cette personne qu'on est tous au fond, cette personne bousculée par la réalité, qui essaie, se trompe, se reprend. Qui ne tombe jamais tout à fait parce qu'elle tente de garder l'équilibre avec détermination. 
Avec une capacité de résilience à toute épreuve et un humour décapant, son épopée n'est jamais pathétique. Salement écorchée par la vie, elle réussit le tour de force de nous faire rire de son désespoir, de ces journées lugubres qui sentent la pisse dans les recoins des HLM, de la solitude écrasante qui lui fait développer un imaginaire loufoque et grandissant. 



Janie va tour à tour nous surprendre, nous agacer mais surtout nous faire sourire de ses tournures de phrase et de sa façon bien à elle de voir les choses. Porté par des personnages tantôt blasés, tantôt édulcorés mais toujours pittoresques, le roman est très agréable à lire et on ne s'ennuie jamais, c'est le moins qu'on puisse dire 😋


"Et malgré les lundis, les chaussures rafistolées à la Patafix et les gros mots, je savais que maman nous aimait et donc j'emmagasinais tout ce qu'elle disait dans les espaces entre mes côtes et, la nuit, quand nous étions couchées au fond du grand lit, imbriquées l'une dans l'autre comme des poupées russes, nous protégeant mutuellement, j'avais l'impression d'être la fille la plus heureuse de Hetton-le-Hole, et peut-être même de la Northumbrie"


Ce roman est touchant de part en part et nous amène à un questionnement fatidique

Les parents sont-ils des super-héros ?
Peut-on leur en vouloir ? 
Est-il possible d'aimer (mal)adroitement ? 
Est-on le centre du monde ? 
Devient-on forcément comme notre famille ? 




➽ COUP DE 💜

Alors, oui je vous conseille vraiment de vous plonger dans l'histoire de Janie, sans jugement, sans manières, juste en vous laissant porter par l'écriture effrontée et pleine de justesse de Kerry Hudson. 


"Pendant que maman se mordait les lèvres, arrachait les petites peaux de ses ongles et lisait des vieux magazines, je découvrais à quel point les histoires me donnaient un sentiment de sécurité."


⤳ C'est un véritable cri d'amour teinté d'humour, une ode à sa mère totalement imparfaite et à sa vie chaotique 👊 que déssers Janie dans ce roman. Il y a ces moments, terribles, ces instants de vie bousillés qu'elle n'oubliera jamais mais derrière tout ça, le pardon nécessaire à son propre envol et les projets qui vont lui permettre de se réaliser. 


"Je n'étais pourtant pas méchante. Personne n'aurait su dire si j'étais intelligente ou maligne comme ma grand-mère l'avait prédit en soufflant des ronds de fumée de ses Benson&Hedges au-dessus du ventre distendu de ma mère. J'étais un "bébé difficile" qui ne cessait de grimacer et de recracher le sein. Les marbrures de ma peau délicate témoignaient de mon indignation d'avoir été arrachée aux forceps d'une niche douillette et chaude où j'étais parfaitement heureuse"

Commentaires

  1. C'est toujours intéressant de se baigner dans l'univers de personnes avec lesquelles on peut s'identifier, ou au contraire, se sentir diamétralement opposé à eux ⚖️et malgré tout, constater au delà des apparences, la richesse intérieure de ces êtres décalés de notre confortable existence...

    Grâce à ce blog, je constate que la lecture,📚 en plus d'être un plaisir d'évasion🕯️, élève notre conscience 🎭 chaque jour vers plus de tolérance..

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