Vous Aimer de Caroline Bongrand



Il s’agit d’un (très!) court roman lu en une heure à peine et que j’ai trouvé plutôt bien écrit, plume fluide et trame de fond percutante. 
Elle, c’est une femme de 45 ans  « éteinte » amoureusement parlant, suivant le cours d’une existence métro-boulot-dodo auprès d’un mari exigeant qui lui fait souvent des reproches, notamment sur son physique. 

Puis vient LA rencontre qui va bouleverser sa vie, lui, IL, le saint-graal de son existence, la perle qu’elle n’a jamais cherché et qui se manifeste comme une évidence dans son quotidien morne.
Ils vont s’aimer sans jamais faire l’amour. ☀️
Tel est le pacte qu’ils concrétisent pour ne pas « marcher sur le coeur » de leur famille. 

Dès lors, on s’interroge sur notre perception de la « tromperie » et cela remue nos propres principes.
J’ai aimé certaines tournures de phrase, le vocabulaire limpide et empreint de lyrisme de l’auteur et son questionnement somme toute sur « le grand amour »
Combien sont-ils à se satisfaire d’une relation confortable, tous ces gens sur terre ? Combien sont-ils à avoir connu le grand frisson, le ciel et la terre, le tout, l’amour véritable, frissonnant, terrifiant, qui vous enchaîne et vous délivre tout à la fois? 

Quelques exagérations sur le mal-être qui habite l’auteur lorsqu’elle n’est pas aux côtés de son bien-aimé qu’elle connaît depuis très peu de temps tout de même.. 🤔 ) bien que Caroline Bongrand exprime à merveille le déluge de sensations qui s’opère lorsque l’on tombe profondément et irrémédiablement amoureux. Mais voilà, il manque un petit quelque chose ... 

Cet écrit se révèle condensé et c’est certainement voulu de la part de l'auteure, mais pour en faire un coup de coeur, il aurait fallu me cueillir sur davantage de pages, évoquer plus de souvenirs, détailler leurs histoires personnelles respectives et provoquer un attachement plus fort aux personnages. Dans le cas précis la sensation d'inachevé est palpable et, arrivés à la moitié du récit, on sent qu'il aurait été intéressant d'élaborer les fractures des protagonistes  "secondaires" : le mari, l'amant , les enfants. Cela dit, on passe un bon moment de lecture et les grand(e)s romantiques y trouveront leur compte 😃




EXTRAITS CHOISIS


" Elle était donc, selon ses conclusions, une épouse, fonctionnelle, notamment sur le plan social, une mère, tout à fait opérationnelle, et, sur le plan intime, donc, une cavité à portée de main. Une sorte de défouloir hormonal neutre, d'exutoire anonyme aux pulsions sexuelles, sans qu'amour il y ait. La nuit, c'était elle, mais ça aurait pu être n'importe qui. Elle sentait bien le désir, mais jamais que ce désir était pour elle, naissant d'elle, aboutissant en elle. Son corps s'était mis au diapason de ces considérations, et pas plus aimée que les regards de son mari que par ses mains ou sa bouche, ou ses mots, elle s'était totalement désincarnée "



" Ce qu'elle ne comprenait pas, c'est que l'exaltation qui naît de soi-même est une erreur, une impasse, une voie dangereuse, sans issue. C'est quelque chose que l'on crée tout seul et qui en vérité exclut l'autre, une forme de narcissisme violente, de romanesque débordant qui ne respecte pas l'autre, n'attend pas ses réponses, se fait sans lui, et qui n'a, en conséquence, rien à voir avec le véritable amour, celui qui se vit à deux. Mais elle n'en était pas là, portant leur amour en étendard "


" On sous-estime le baiser. Lorsqu'il se donne, pleinement, entièrement, c'est une étreinte des âmes (...) Le baiser est un conquérant et un seigneur, un chevalier, un mousquetaire, c'est un océan, un monde sauvage, un horizon sans fin, une éternité, un paradis. Il se suffit à lui-même. Réveillant tout en soi, entraînant le plus intime que chacun porte dans un vertige profond et magnifique, fait de désir et de plaisir "










Commentaires

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    1. Et ce fameux pavé, qu’en est-il ? 😉 oui celui-ci se lit vraiment très vite, un peu comme un Despentes ou un Nothomb mais en plus « délicat » 😛

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Mettre de la musique sur l'Amour est aisé, des images sur l'Amour l'est tout autant, mettre des mots est souvent maladroit mais possible mais écrire un roman aussi court soit il sur AIMER est une prouesse; la description des sentiments qui sont enfouis en chacun de nous plus ou moins profondément selon les individus est crédible... agréable à lire, passionnant, elle nous permet d'y croire, de rêver et se dire que quelque soit notre âge, nous pouvons être l'unique dans les yeux de l'être aimé .. On se permet de croire que le fantasme peut être réalité il suffit d'y croire, il suffit d'oser, il suffit de s'ouvrir...
    J'ai plus qu'adoré...
    On a peur de la fin, elle a pourtant un parfum d'éternité ... ❤️

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