My Absolute Darling de Gabriel Tallent




« Elle saute de ses cuisses, il se lève, baisse les yeux vers elle et un spasme lui traverse le visage. Il tombe à genoux et la prend dans ses bras.-      Bon sang, dit-il. Bon sang. Nom de Dieu, Croquette. Sois prudente. Bon sang, Croquette. Bon sang. (Il l’étreint et elle ne bouge pas, la taille enserrée dans ses bras). Tu deviens si grande, si forte.Mon amour absolu. Mon amour absolu. »

Controversé, vous avez dit controversé ? 
Gabriel Tallent signe là un roman étonnant où la mélancolie se dispute à la vulgarité et l’indicible se mélange à la poésie. 
Comme toujours, je me méfie un peu des battages médiatiques. 
Mais impossible de passer à côté de #myabsolutedarling !
A la fois bouffée d’air frais pour ses descriptions de sous-bois sauvage et huit-clos dans lequel un père incestueux et pervers narcissique ultra charismatique (l'un ne va pas sans l'autre 😔) condamne sa fillette de 14 ans à une vie recluse et solitaire, « My absolute Darling » se pose dans « les inclassables ».


↬ J’ai mis plus de cent pages pour entrer véritablement dans l’histoire de Turtle alias Julia, ou Croquette comme la surnomme son père. 
A la fois intelligent, paranoïaque et profondément misanthrope, le père de Turtle se place comme un manipulateur avéré qui n’a de cesse de remettre en question l’équilibre psychique de sa fille de 14 ans. 
Turtle passe son temps pieds nus à errer dans les sous-bois (lorqu’elle n’est pas à l’école) avec son arme, un Sig-Sauer qu’elle emporte partout. Au début, les constantes injures et gros mots utilisés me paraissaient peu crédibles, trop utilisés pour ne pas dire grand-chose, quelque chose me retenait, et je n’arrivais pas à m’attacher à Turtle. Quelques facilités dans les dialogues et des descriptions trop fastueuses, voir lassantes m’irritaient par leur inadéquation. Mais c’est finalement ce qui rend le bouquin aussi instable que la psychologie de ses personnages, donc crédible. On comprend mieux, on tâtonne, puis ça prends, comme ça, au bout d’un long moment, on finit par être pressés de connaître le déroulé de l’histoire. 


↬ Une lecture qui ne laisse donc pas indifférent et qui, à défaut de m’avoir totalement bouleversée, m’a fait réfléchir tout du long, provoquant une grande ambivalence, qui est, je suppose, voulue par l’auteur. La rencontre de Turtle avec Jacob, un garçon de son âge, est un tournant dans sa vie et va progressivement l’amener à réfléchir sur la relation malsaine qu’elle entretient avec son père et sur l’emprise qu’il a sur elle. Des sentiments nouveaux naissent chez Turtle, des ressentis "normaux", adolescents, agréables… à partir de là, la lecture se fait plus fluide et à la fois plus complexe car tout se joue dans cette ambivalence permanente qu’apporte le livre de Gabriel Tallent. 






Commentaires

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    1. Très beau commentaire Etienne. Tu devrais te mettre à écrire, je serais curieuse de voir te lire ! ☺️

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  2. Roman dont effectivement il était difficile de passer à côté. J'en ai entendu parler, je l'ai vu dans les rayons, en vitrine, partout, mais rien ne me donnait envie de le lire. Pas de déclic, même la couverture, magnifique soit dit en passant ne m'a donné envie de le lire. Mais ta chronique l'a fait. Le sujet est très dur moralement, et j'ai l'impression après lecture de ta chronique que le genre du roman s'accorde avec le style d’écriture de l'auteur. Il semble plus abordable d'entreprendre une écriture hachée, qui paraît peu crédible ; c'est ce qu'on ressent, mais peut-être que c'es la psychologie du personnage qui est adéquat à l'écriture. Enfin, je ne l'ai pas lu donc ce n'est qu'une supposition ! Tout ça pour dire, que dès que j'ai l'occasion, je me le procure ^^

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