Des Hommes couleur de Ciel - Anaïs Llobet




« Le mot terrorisme est international. La terreur est universelle ».

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La terreur ici revêt nombre de thèmes. Terreur d’être soi. D’être à jamais l’étranger. Terreur d’aimer les hommes lorsqu’on est un homme. Terreur de s’ancrer puissamment dans la colère. Terreur d’un éternel recommencement, du cycle sans fin des guerres silencieuses, celles que l’on entreprend avec soi, au bord du précipice, le doigt pressé sur la détente. 
Mais le chaos de l’âme menace bien plus que soi. 
Il transperce tout, les autres, le bien commun, la famille, les mots, les gens heureux, les corps, l’absurdité de la vie et celle de la mort.
Ne reste plus que des fragments éparses de soi et des autres dans cet intervalle, le coup d’éclat, les souvenirs démembrés, la puissance de l’inexprimable. 

Comment, pourquoi, on sait pas, qui aurait cru, ça n’avait pas l’air, ça n’en a jamais l’air, ça se passe, ça arrive et ça éclate au visage de tout le monde, la colère putréfie l’âme, le mal-être supplante le qu’en dira-t-on. Il n’y a même plus de qu’en dira-t-on, il n’y a plus de sens, plus de sens à rien. Juste la possibilité de le ressentir, le rien, le néant qui vous aspire et tant pis ou tant mieux parce qu’il n’y a pas de réelle explication à donner à tout ça, de discours tout fait, il y a trop de raisons mais aucune excuse, tout ça c’est bien plus complexe que notre esprit ne peut même se le figurer.
Tout ça dépasse de loin les limites de notre personne. 

Et toutes les voix de ce récit résonnent dans le tumulte des bombes, le fracas des pourquoi, la fracture identitaire qui suinte, la ferveur d’une douleur qui ne sait que s’atténuer dans la violence blême du quotidien et la pudeur des non-dits. 


C’est un livre qu’il faut lire absolument, dont on ne peut se soustraire, dont on ne doit surtout pas se soustraire. C’est un coup de poignard qu’on enfonce avec la douceur d’une main chêtive, plusieurs fois de suite, délicatement, une main qui s’attarde et laisse son empreinte immuable sur notre vision du monde. 
Les mots au service des maux. 

Bravo Anaïs Llobet. Bravo.♥️


Sujet d'actualité brûlant abordé avec brio, "Des hommes couleur de ciel" s'inscrit dans la lignée des livres qui bousculent nos certitudes, de ceux qui, une fois refermés, laissent une empreinte indélébile dans notre mémoire de lecteur. 

« Il regarde ses mains pour ne pas penser à sa mère (...) Qui l’a aidée à se lever, à s’habiller, qui lui a expliqué les questions des policiers ? Peut-être n’a-t-elle pas eu besoin de traduction. Le mot terrorisme est international. La terreur est universelle ». 

« Le pouls de la ville battait lentement mais avec fermeté, comme celui d’un homme à terre, décidé à se relever »
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